Parution mensuelle

No 723

AVRIL 2024

OLÉ ! A

COUP DE CRAYON D'OLÉ !

OLÉ ! A LU

VARIATIONS SOPHOCLE ET AUTRES MYTHOLOGIES GRECQUES
JEAN-PIERRE SIMÉON
Bien plus qu’une énième variation de réécriture des mythes antiques, "Variations Sophocle et autres mythologiques grecques", au détour de l’interrogation de l’œuvre du grand tragique, devient, au fil de la lecture, le trait d’union entre la poésie et le théâtre de Jean-Pierre Siméon, puisque c’est en poète que l’auteur aborde la dramaturgie, lui qui offrit tel un trésor de mots son "Philoctète" au virtuose interprète Laurent Terzieff !
Signe d’un compagnonnage artistique où l’amour du texte prima entre les deux hommes, l’auteur et l’interprète, la réinvention des scènes fondatrices des pièces sophocléennes, de "Philoctète" à "Déjanire", en passant par "Électre", "Antigone", "Ajax", s’avère également une véritable métamorphose à travers le passage d’une langue à l’autre, sous ce double signe de l’altérité, dont Jean-Pierre Siméon s’explique en personne en ces termes : "Autre rythme, autre intensité, autre substrat métaphorique, "autre voix" dans la langue. Ce n’est évidemment pas mieux, c’est autre. C’est si l’on veut Sophocle tel qu’en lui-même ma poésie le change. Cela, qui n’est donc ni une traduction ni une adaptation, nous l’avons nommé "variation poétique"."
Forme d’"une poésie pour le théâtre" dont l’écrivain garde reconnaissance pour les comédiens qui se sont engagés dans son aventure à la fois singulière et collective, sous la direction de Christian Schiaretti, cette œuvre autour des personnages emblématiques des paroles fondatrices de notre propre rapport au monde ancien et pourtant si proche abordé par ces histoires universelles où se mêlent pouvoir, passion, haine ou amour, déesses et héroïnes, dieux et héros, dans un langage renouvelé, celui personnel de Jean-Pierre Siméon qui, selon toute logique, questionne, à la fin de cette somme théâtrale, la figure du premier poète dans "La mort n’est que la mort si l’amour lui survit"…
Orphée en quête de son Eurydice, en sept chants, ce dernier ensemble s’inaugure par "La mort d’Orphée" et s’ouvre "Au-delà de la Mort" sur "Le Chant Retrouvé" si ce n’est "L’Éternité du Poème", dont le dieu du soleil, Apollon lui-même, en paraît le puissant protecteur, dans les ultimes formules adressées par le poète du XXIème siècle : "Apollon le dieu songeur des merveilles / ramassa la lyre aux neuf cordes / il la plaça au plus haut du ciel / pour qu’elle brille à jamais dans la mémoire des hommes / et que dans la grande nuit du monde / où tout naquit où tout retourne / demeure au-delà des dieux et des hommes / ce qui fut le meilleur de l’aventure humaine / la beauté du chant" !

Rémy Soual

Jean-Pierre Siméon, Variations Sophocle et autres mythologies grecques, 2006-2022, Les Solitaires Intempestifs

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