Parution mensuelle

No 717

SEPTEMBRE 2023

CINÉMA

MUSIQUE

COUP DE CRAYON D'OLÉ !

COUP DE CRAYON D'OLÉ !

OLÉ ! A VU

LUMEN
ART BAGES, BIENNALE D’ART CONTEMPORAIN
Art Bages, 1re édition, du 1er juillet au 28 août.
Sous le signe étymologique de la luminescence, de la lumière et de sa magnificence, la Biennale d’Art Contemporain LUMEN, nous invite aux expositions, conférences, œuvres in situ, visites guidées, cinéma en plein air, et nocturnes d’ateliers d’artistes…
Le projet ambitieux des quatre galeries de Bages, La Maison des Arts, L’étangd’Art, Latuvu et NullepArt, déploie comme autant de lueurs, de « lucioles » survivantes, pour reprendre l’expression du poète Pier Paolo Pasolini analysée par Georges Didi-Hubermann, les œuvres d’artistes internationaux, nationaux et régionaux ayant travaillé sur ce thème de l’éclat, tandis que début juillet et mi-août, pendant deux week-ends, les artistes résidant à Bages ou y travaillant ouvrent leur atelier pour faire découvrir leurs pratiques artistiques…
La Maison des Arts convie ainsi les regards à la découverte des films et des installations de Pierrick Sorin dont le sens de la satire de son « auto filmage » aux divers personnages de fiction qu’il incarne avec dérision et brio illustre en jeux de miroirs la vanité de certaines postures esthétiques contemporaines pour obtenir un peu de gloire, art de la parodie révélant à la fois toute une palette des orientations de la création du présent et tout un édifice aussi risible qu’imposant de ces mises en scène de jeux de lumière en architecture questionnant notre humanité résiduelle…
L’étangd’Art expose quant à lui les travaux respectifs de Jean Louis Bigou ; sa série des « Prémices » tient pour origine les productions graphiques élémentaires des personnes souffrant de déficiences mentales sévères, Jésus Pelegri ; « Panspermie » forme une collection d’œuvres d’art où l’intention de réfléchir sur l’hypothèse du philosophe grec antique Anaxagore ouvre les perspectives métaphysiques que la vie serait apparue sur les planètes grâce à la chute des astéroïdes avec l’essence « éther », Elisabeth Zanesi ; le traitement de la luminosité dans sa peinture ambitionne de saisir l’atmosphère des paysages en quête d’harmonie, Eva Luca ; ses sculptures de verre font de l’intensité de la couleur leur propre matière, Florence Bouvry ; ses recherches en anthropologie invitent via ses installations à reposer la réflexion de l’homme au cœur de son espace, de son environnement, du monde…
Latuvu, à son tour, donne à voir les œuvres marquantes de Susan Shutan ; son travail entre deux et trois dimensions, entre relief mural et sculpture au sol, vise à la construction d’architectures interactives, Annette Cords ; son cheminement également entre peinture, tissage et sculpture, explore les concepts physiques liés au temps et à l’espace, Hedwig Brouckaert ; son approche reconnue réfléchit le jour artificiel d’un flash à la main, Joan Grubin ; sa trace sur papier allie rigueur formelle et sens de la fantaisie, Mariëtta Hoferer ; la luminosité dans sa pureté presque métaphysique au fil de ses traits de crayon légers et de l’usage du scotch transparent en crée toute la subtilité, Michaël Kukla ; son intérêt réside dans la création de structures également entre deux et trois dimensions où les dessins à la surface du papier et les sculptures à la taille d’autres matériaux se complètent mutuellement, Jaanika Peerna ; sa pratique artistique implique à la réflexion sur le thème des transitions dans l’air, l’eau et autres phénomènes naturels…
Nullepart, enfin, révèle l’art et la manière de Tony Harding, illustre représentant de l’art concret, de François Moulignat, sculpteur ; sa façon de recourir aux passages successifs de plâtre, d’enduits de blanc, comme un onguent, préserve la tension de la toile sur le châssis, en laissant apparaître à nouveau la brillance, de Georgette Maag, vidéaste ; son savoir-faire laisse à penser dans le même parcours au temps et à la durée, au changement et à l’immobilité, Venice Spescha, artiste dont la recherche tant sur papier que dans l’espace par l’économie des moyens interroge le regard, de Corinne Mercadier, peintre et photographe ; ses objets traqués sont isolés sur un fond sombre pour en faire ressortir la nature incertaine, leur corps comme absent…
Dans leurs nocturnes d’ateliers, - n’hésitez pas à franchir le seuil - , comme dans les œuvres in situ, - ne vous privez pas de les observer dans ce cadre - , l’univers de tant d’autres artistes offre aux visiteurs curieux leurs variations luminescentes en autant de radiations d’iris, de partages pour les yeux…

Rémy Soual

Lumen, Art Bages, Biennale d’Art Contemporain, 1ère édition, 1 juillet – 28 août 2022